Le mot le plus populaire au monde et son impact culturel

Chaque année, certains termes franchissent les frontières linguistiques et s’imposent dans les conversations quotidiennes, bien au-delà de leur pays d’origine. En 2024, un mot a dominé les recherches, les échanges sur les réseaux sociaux et les publications médiatiques sur plusieurs continents.

Sa diffusion rapide n’est pas le fruit du hasard. Divers facteurs, dont l’essor du numérique et la mondialisation des modes de communication, ont permis à ce terme de s’ancrer dans les habitudes linguistiques de millions de personnes, modifiant parfois la perception de certaines réalités culturelles.

Quels sont les mots qui font vibrer le monde en 2024 ?

Les termes populaires circulent aujourd’hui à une vitesse qui ferait pâlir plus d’un linguiste d’antan. Babbel et Le Robert relèvent une fusion accélérée des vocabulaires, portée à bout de bras par la dynamique des plateformes numériques et le rythme inlassable des réseaux sociaux. Cette année, le mot « Brat » a survolé la concurrence. Propulsé par Charli XCX et son album du même nom, il s’est hissé au rang de mot le plus populaire au monde. Le dictionnaire Collins l’a même couronné « mot de l’année », preuve de son poids dans la culture contemporaine.

Mais « Brat » n’est pas le seul à avoir laissé son empreinte. D’autres termes viraux ont inondé l’actualité et les conversations en ligne. Certains, comme « PNJ » (hérité du monde du jeu vidéo) ou « Banger » (emprunté au jargon musical), reflètent l’influence massive des univers numériques sur notre manière de parler. D’autres encore, à l’image de « Tanaland », symbole féministe né sur TikTok et popularisé par Polska, montrent comment les jeunes générations inventent et partagent de nouveaux codes à travers la planète.

Voici une sélection de mots qui ont marqué les échanges cette année :

  • « Kakou kakou », trouvaille humoristique de floflofrdl, a séduit des millions d’internautes.
  • « Mob wife », une esthétique mode portée par Kayla Trivieri, s’est transformée en phénomène viral.
  • « Delulu » (pour « delusional »), s’utilise désormais pour parler d’auto-dérision ou d’illusions assumées.
  • La formule « batterie sociale » est devenue incontournable pour évoquer la gestion de l’énergie relationnelle, spécialement chez la génération Z.

Les équipes des dictionnaires doivent suivre le rythme. Chaque année, Le Robert dévoile la liste des mots les plus consultés, véritable miroir des discussions de société. « Hubris » a explosé après la dissolution de l’Assemblée nationale, « Cloporte » est réapparu dans le sillage de Bruno Le Maire, tandis que « féminicide », « sororité » ou « paralympique » connaissent des pics lors d’événements majeurs. La langue capte, au fil des crises et des tendances, les inventions de la jeunesse connectée et les grandes préoccupations collectives.

Au-delà des chiffres : comment un mot devient-il vraiment populaire ?

La popularité d’un mot ne tient jamais du hasard. Tout commence dans une communauté active, souvent sur TikTok, Instagram ou Snapchat, où la génération Z renouvelle sans cesse le vocabulaire en puisant dans la culture pop, le rap, les séries. Hashtags, mèmes, défis lancés par des créateurs engagés : ces mécaniques font d’un terme un véritable phénomène. Si « Brat », « Delulu » ou « Mob wife » se sont imposés, c’est parce qu’ils incarnent une attitude, une esthétique ou un état d’esprit collectif.

Au-delà de leur viralité, l’impact culturel d’un mot se mesure à sa capacité à quitter les cercles d’initiés pour irriguer les discussions de tous les jours. Prenez « Batterie sociale » : né sur les réseaux sociaux, il s’invite aujourd’hui dans les échanges sur la santé mentale ou l’équilibre personnel, jusque dans la presse généraliste. Le Robert, de son côté, publie chaque année le palmarès des dix mots les plus consultés sur sa plateforme, révélant ainsi le reflet mouvant des préoccupations sociétales.

Même les plateformes d’apprentissage comme Babbel n’observent plus la langue avec la distance de l’académie : elles analysent les flux, suivent la naissance des expressions, repèrent les usages émergents, aussi rapides que les tendances qui les portent, souvent grâce à la fougue des générations connectées. Aujourd’hui, la popularité d’un mot naît de cette alliance entre créativité linguistique, influence des réseaux sociaux et échos des grands événements politiques ou culturels.

Rue animée avec personnes tenant des pancartes en différentes langues

Quand le langage façonne nos cultures et nos discussions du quotidien

Sur les réseaux sociaux, un mot ne sert plus seulement à nommer les choses : il structure les discussions, aiguillonne les débats, inspire des dynamiques collectives. Les termes féminicide et sororité, massivement recherchés cette année, montrent une mobilisation inédite autour des questions d’égalité et de violences de genre. Le vocabulaire se charge d’une intensité émotionnelle, il devient outil de revendication, parfois même signe de ralliement. Durant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, le terme paralympique a été mis en avant, témoignant d’une volonté d’élargir la reconnaissance à des parcours peu médiatisés jusqu’ici.

Côté politique, des mots surgissent au gré de l’actualité et s’invitent dans les affrontements publics. « Hubris », par exemple, a connu une envolée de recherches après avoir été utilisé pour décrire la posture d’Emmanuel Macron au moment de la dissolution de l’Assemblée nationale. D’autres, comme cloporte ou entrisme, s’infiltrent dans les discours, alimentent les polémiques, exposant les tensions qui traversent le monde politique. À chaque rebondissement, le dictionnaire en ligne Le Robert enregistre un pic de consultations, preuve que ces termes s’intègrent rapidement au langage courant.

Au quotidien, ces nouveaux mots deviennent des repères familiers. Un incident dans une école maternelle à Nice a fait ressurgir « nyctalope », tandis que la réapparition de la vérole à la faveur de l’épidémie de mpox a ravivé d’anciennes angoisses collectives. La langue évolue sans relâche, tissant un lien solide entre l’actualité la plus vive et la mémoire commune. Certains mots naissent dans le tumulte, d’autres reviennent du passé : tous racontent, à leur façon, notre époque en mouvement.

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